Plusieurs centaines de manifestants ont défilé dans les rues de Grenoble ce mardi 18
octobre, pour réclamer une hausse générale des salaires. Ce mouvement interprofessionnel
a rassemblé de nombreux secteurs, dont le corps enseignant, qui a pourtant connu une
revalorisation salariale il y a quelques mois.
Plusieurs centaines de personnes, dont le corps enseignant, ont manifesté à Grenoble pour une hausse générale des salaires. Crédit photo : Thomas Delaunay.
« On ne vous entend pas ! » s’exclame un militant de la CGT en tête de cortège. Le long de la rue Félix-Poulat, à côté de l’église Saint-Louis de Grenoble, l’ambiance est assez calme malgré les centaines de personnes rassemblées ce mardi 18 octobre. Cette mobilisation générale dans tout le pays rassemble une multitude de secteurs qui réclament une hausse générale des salaires pour lutter contre l’inflation. Plusieurs membres du corps enseignant sont présents et partagent ces revendications. Pourtant, le Gouvernement a annoncé ces derniers mois des augmentations salariales pour les enseignants.
Le 26 septembre, l’exécutif a présenté un budget permettant, entre autres, d’augmenter les salaires des enseignants de 10% en moyenne à la rentrée scolaire 2023. Le 1er juillet dernier, les fonctionnaires avaient déjà perçu une augmentation 3,5% pour aider face à l’inflation. « On n’avait pas eu de revalorisation salariale depuis dix ans », partage François, professeur d’histoire-géographie au collège Fernand Léger de Saint-Martin d’Hères. Lui et plusieurs de ses collègues doutent sur l’augmentation promise par le Gouvernement. « La revalorisation de 3,5% connue cet été devrait être comprise dans les 10%. En plus, cette augmentation pourrait se traduire par des missions supplémentaires, comme de la surveillance des récréations pendant nos temps de pause », s’inquiète François.
« On a peur que les lycées professionnels disparaissent »
Peu avant 14 heures, horaire prévu pour le lancement du cortège, François retrouve Alexis, professeur de mathématiques au lycée André Argouges à Grenoble. Si la hausse générale des salaires est revendiquée par le corps enseignant, ce n’est pas l’unique motif de leur mobilisation. « On manifeste pour deux raisons : une revalorisation salariale, mais aussi contre la réforme du lycée professionnel », résument les deux professeurs.
Devant eux, sur le camion benne en tête de cortège encore à l’arrêt, plusieurs activistes se succèdent et prennent la parole devant une foule relativement calme. « On a peur que les lycées professionnels disparaissent », s’inquiète à la tribune Nathan, jeune adolescent de 18 ans en CAP cuisine. « Ils délaissent la formation professionnelle. Ils augmentent le nombre de stages de 50% [de 22 semaines à 33 semaines] et les favorisent parce que ça coûte moins cher aux entreprises. On est de la chair à patron ! », s’indigne-t-il.
Vers 15h30 devant le rectorat, Bertrand Guillard-Rollin, président du syndicat de l’enseignement professionnel public SNUEP, résume ces revendications : « La voie professionnelle est en souffrance. L’augmentation du temps de stage réduit celui de l’enseignement théorique et généraliste. J’espère que l’ensemble de ces mouvements va ouvrir la voie à des négociations salariales et sur la réforme du lycée professionnel. »
Ecrit par Thomas Delaunay