Disclaimer : Justine Magaud nous parle éducation alternative et s’intéresse aujourd’hui à une école pas comme les autres… la pédagogie Montessori !
“L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une source que l’on laisse jaillir”, telle est la façon de penser de Maria Montessori, à qui l’on doit les fondements de la pédagogie du même nom.
Cette pédagogie a été pensée par Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne, en 1907. En effet, cette année-là, elle a eu pour mission de créer la première maison d’enfants dans un quartier populaire (San Lorenzo à Rome), avec pour challenge d’améliorer la vie des enfants du quartier afin qu’ils n’errent pas dans les rues. En donnant aux parents un libre accès à l’école, cette maison d’enfants doit permettre d’amener de l’harmonie au sein des familles. C’est dans cette “Casa dei bambini” que Maria Montessori établit les prémices de sa méthode pédagogique.
On compte actuellement environ 22 000 écoles Montessori à travers le monde, dont seulement 199 en France, où le gouvernement refuse d’intégrer cette pédagogie à l’enseignement public, obligeant les institutions Montessori à se développer en marge des écoles publiques.
Maria Montessori est l’auteure de très nombreux livres expliquant ses principes pédagogiques, comme “L’enfant est l’avenir de l’Homme”, “Le manuel pratique de la méthode Montessori”, “Eduquer le potentiel humain” ou encore “L’esprit absorbant de l’enfant”.
Les principes de cette pédagogie
Cette pédagogie place l’enfant au centre du processus éducatif, lui assurant la liberté presque complète dans le choix des activités qu’il souhaite exercer au sein de l’établissement, dans le but de favoriser l’autonomie et la confiance en soi de ce dernier. D’après la médecin, lorsque l’enfant étudie à son rythme dans un environnement propice où il peut évoluer en liberté, il est capable de faire preuve d’une grande concentration, ce qui lui permet d’apprendre de manière plus ludique que dans la pédagogie classique. L’enfant a pour seule règle de ne pouvoir pratiquer en autonomie qu’une activité qu’il a déjà pratiqué avec un éducateur, ensuite, il peut passer tout le temps qu’il souhaite sur cette activité en totale liberté. Ils peuvent parler librement et se déplacer à leur guise dans la classe, tout en veillant à respecter le travail de leurs camarades. Il n’est pas proposé à l’enfant de “corriger” un travail à proprement parler. L’objectif de la méthode et de proposer aux enfants de se corriger tout seuls, sans leur apprendre que quelque chose est soit juste, soit faux. Dans la continuité de cet esprit éducatif, la méthode Montessori préconise d’adapter l’environnement à l’enfant plutôt que de demander à l’enfant de s‘adapter à l’environnement de la classe. Ainsi, au lieu de demander à l’enfant de parler moins fort, l’éducateur va lui-même baisser sa voix pour inciter l’enfant à le suivre dans ce mouvement. Au lieu de demander à l’enfant de se déchausser, l’éducateur va installer dans un coin stratégique de la classe un placard à chaussures, à hauteur d’enfant. L’éducateur ne dira pas à un enfant qu’il est “trop lent” ou “très rapide” pour ne pas que ce dernier s’enferme dans ces qualificatifs, ainsi, au sein d’une école Montessori, chaque enfant évolue à son rythme, sans jugement aucun. Les apprentissages sont fait de façon ludique avec des objets comme les perles pour apprendre à compter par exemple, afin que l’enfant puisse s’approprier l’apprentissage. De la même manière, la majorité des activités sont individuelles pour que l’enfant s’exerce selon la méthode qui lui correspond le plus.
Une grande partie des écoles Montessoriennes sont des écoles bilingues dès la maternelle, où les enfants ont souvent deux éducateurs : l’un qui ne parle que français et l’autre qui ne parle qu’anglais. Les enfants sont parfois en immersion complète en passant la matinée dans une langue et l’après-midi dans l’autre. Les activités proposées sont issues de domaines variés comme les mathématiques, la musique, les sciences ou encore le langage et l’histoire. Le devoir de l’éducateur est de susciter la curiosité et l’envie d’apprendre de l’enfant dans chacun des domaines.
Les écoles Montessori en France
La pure méthode Montessori s’applique chez les jeunes enfants jusqu’à 12 ans, ce qui correspond à peu près à l’âge de sortie de l’école élémentaire. Cependant, se développent de plus en plus des collèges et des lycées d’inspiration Montessorienne.
De 3 à 12 ans, les enfants sont répartis en 3 classes : la maison des enfants pour les tout petits (3 à 6 ans), et deux écoles élémentaires (une pour les 6-9 ans et une pour les 9-12 ans).
Le problème aujourd’hui est que “Montessori” n’est pas un nom protégé car Maria Montessori ne l’a pas déposé de son vivant pour nommer sa méthode pédagogique, ainsi en France plusieurs écoles se revendiquent Montessori sans vraiment en respecter les principes.
Le nombre d’écoles Montessori est sans surprise plus important en région parisienne qu’en Province mais, s’il est fréquent d’avoir une maison des enfants dans sa région, il n’existe en revanche en France qu’un seul lycée d’inspiration Montessorienne, le “lycée international Montessori – Ecole Athéna”, situé à Bailly, en région parisienne.
Une pédagogie en certains points critiquée
Il est difficile, pour un enfant de plus de 6 ans, de s’adapter à la méthode Montessori alors qu’il a auparavant connu la méthode d’enseignement classique. En effet, ce dernier va avoir du mal à gérer cette liberté qui s’offre à lui et va avoir tendance à réagir en imposant une discipline au reste du groupe afin de créer un cadre qui lui convient. De même, un enfant de plus de 6 ans qui passe de l’enseignement Montessori à l’enseignement classique va avoir des difficultés à s’adapter au cadre et à la discipline de l’école publique.
De plus, les écoles Montessori en France sont encore beaucoup trop réservées à une certaine élite financière, puisque l’Etat ne finance pas les écoles Montessori qui sont des écoles hors-contrat, ce qui fait que tous les frais, qui représentent plusieurs milliers d’euros par an, sont à la charge des familles.