A l’approche des élection régionales des 6 et 13 décembre prochains, le Cheveu sur la Langue est allé interroger trois candidats à la présidence de la région Rhône-Alpes-Auvergne : Laurent Wauquiez (LR), Jean-Jack Queyranne (PS) et Jean-Charles Kholhaas (EELV-PG). Christophe Boudot (FN) n’a quant à lui pas souhaité répondre à nos questions.
Bonjour Laurent Wauquiez. Comment envisagez-vous la présidence régionale, notamment avec la réforme territoriale engagée par le gouvernement Valls ? Quels rôles doivent jouer la région et le président du Conseil régional aujourd’hui ?
Chaque jour, sur le terrain, je mesure l’ampleur du fossé qui s’est creusé entre les responsables politiques et nos concitoyens. Et ma conviction, c’est que pour renouer ce fil de confiance aujourd’hui rompu, nous devons repartir du terrain, de la proximité. C’est tout le sens de ma candidature aux régionales : démontrer sur le terrain, par l’exemple, que l’on peut prendre des engagements, les tenir et ainsi redonner confiance à nos concitoyens. C’est ainsi que je conçois le rôle du président de région.
Pouvez-vous résumer les principaux axes de votre programme politique pour la région ?
D’abord, je veux mettre un terme aux scandales et aux multiples gaspillages de ces dernières années. Les socialistes en Rhône-Alpes Auvergne provoquent les mêmes dégâts que leurs amis du gouvernement : toujours plus d’impôts, toujours plus de dépenses publiques et surtout aucune perspective d’avenir. Le président sortant est le président du gâchis. Ca suffit ! Il est grand temps de rompre avec cette gestion, et de redonner un nouveau souffle à notre région ! Comme je l’ai fait au Puy en Velay, dont je suis maire, je baisserai les dépenses et ferai de économies.
Je veux faire de Rhône-Alpes Auvergne la région leader en France et moteur en Europe. Pour cela, je propose la mise en place de trois pactes :
- Un pacte « bouclier de sécurité » afin de protéger les habitants, avec notamment la sécurisation des gares, des TER, des lycées, des sites SEVESO, ainsi que la création d’un fond d’aide spécifique pour les communes qui souhaitent investir dans des équipements de protection.
- Un pacte « emploi » comprenant ma proposition de préférence régionale dans les marchés publics, le développement de l’apprentissage, le dispositif zéro charge pour le premier emploi créé, le développement du tourisme, le soutien aux commerces et aux entreprises de proximité.
- Un pacte « droits-devoirs » visant à aider ceux qui veulent vraiment travailler et lutter contre les dérives de l’assistanat en rapprochant la formation du monde de l’entreprise, en instaurant un système de droits-devoirs en matière de formation professionnelle et en rétablissant les bourses au mérite injustement supprimées par le gouvernement.
Enfin, quatre grands chantiers me tiennent particulièrement à coeur : la défense de la ruralité, la lutte contre la désertification médicale, et une politique extrêmement ambitieuse en matière d’intégration du handicap, et une aide au maintien à domicile.
Vous affirmez pouvoir créer « 5 000 emplois supplémentaires d’ici trois à quatre ans » si vous êtes élu le 13 décembre. Comment comptez-vous procéder ? Comment favoriser l’accès à l’emploi des jeunes, qui sont particulièrement touchés par le chômage ?
Je rappelle que notre grande région est celle où le chômage a le plus augmenté en France depuis 1 an ! En effet, sur l’année qui vient de s’écouler, d’après les chiffres de la DARES, Rhône-Alpes connaît la plus forte augmentation sur les 22 régions métropolitaines ! Au total, en un an, cela représente plus de 18000 chômeurs supplémentaires. Et la région n’a rien fait.
Je souhaite encourager l’apprentissage car c’est la garantie pour nos jeunes de trouver un emploi, avec un objectif de 10 000 apprentis supplémentaires d’ici 2020. Je veux également donner la préférence à nos entreprises dans les marchés publics : notre argent doit servir nos emplois. Enfin, je mettrai en œuvre un programme zéro charge pour toutes les petites entreprises qui créent un emploi : nous préférons aider quelqu’un à travailler plutôt que lui payer des prestations sociales.
Vous prônez aussi la suppression de la carte de transports gratuits dans les TER pour les demandeurs d’emploi ayant refusé une formation. En participant à ce mouvement de pression sur les demandeurs d’emploi, qui vise à pousser tout le monde au travail, ne craignez-vous pas d’alimenter le sous-emploi, le travail précaire ?
Fidèle à une conviction de longue date, je veux effectivement défendre une vision du social axée sur le travail. Je veux être aux côtés de ceux qui veulent vraiment travailler en prenant par exemple en charge le coût du permis de conduire pour les jeunes qui s’engageront à travailler pour la collectivité pendant un été, et au contraire mettre fin aux dérives de l’assistanat. Je veux retrouver un équilibre entre les droits et les devoirs.
Quelles sont vos ambitions au sujet de l’enseignement supérieur dans la nouvelle région Rhône-Alpes Auvergne ? Comment espérez-vous attirer l’électorat étudiant ?
Le gouvernement a supprimé récemment les bourses au mérite. Par ailleurs, le contrat de Plan Etat Région 2015/2020 préparé par le Président sortant se caractérise par une baisse de crédits de 37% pour ce qui concerne l’enseignement supérieur et la recherche. Cela n’est pas acceptable pour nos étudiants.
Si je suis élu, comme je le disais, je rétablirai les bourses au mérite injustement supprimées par le gouvernement car je veux récompenser ceux qui travaillent dur pour réussir.
Par ailleurs, je propose d’implanter à Charbonnières les Bains, sur le site de l’ancien siège du Conseil régional Rhône-Alpes, le premier campus européen des métiers du numérique. Je veux que notre région devienne la Sillicon Valley de l’Europe en matière de numérique. Ce campus accueillera des étudiants en formation initiale, mais aussi des professionnels en formation continue, et constituera un véritable centre de ressources pour les entreprises de la région qui doivent faire face à la révolution digitale et au défi du numérique.
On semble assister aujourd’hui à un désintérêt croissant des jeunes vis-à-vis de la politique. Comment y faire face ?
Les jeunes, comme tous nos concitoyens d’ailleurs, attendent que nous changions profondément notre manière de faire de la politique. Comme je le disais, je veux incarner une nouvelle génération d’élus, qui respecte ses engagements et qui est surtout présente sur le terrain. Le temps des élus enfermés dans leur Palais est révolu.
Je veux aussi placer l’exemplarité au cœur de mon engagement. Il y a eu trop de scandales ces dernières années au Conseil régional. C’est pourquoi j’ai mis en place une charte éthique qui se traduira notamment par une baisse de 10% du montant total des indemnités des élus et par le fait que les élus seront rémunérés en fonction de leur travail. C’est une conviction forte pour moi : les élus doivent s’imposer les efforts qu’ils demandent à nos concitoyens.
Vous êtes secrétaire général des Républicains, député de Haute-Loire et maire du Puy-en-Velay. La présidence du Conseil régional ne sera-t-elle donc pas une activité à plein-temps ?
J’ai toujours été très clair sur ce sujet. Si je suis élu, je quitterai mes fonctions de maire du Puy-en-Velay. Par ailleurs, si ma famille politique revenait au pouvoir au niveau national en 2017 j’ai d’ores et déjà précisé que je refuserai tout poste de Ministre. Et enfin, si je dois choisir un seul mandat en 2017, ce sera celui de Président du Conseil régional. Je veux me consacrer pleinement à ma région.
Propos recueillis le 4 décembre 2015
par Clémentine Robert, Samuel Ravier et Corentin Pécot
Merci pour l’entretien. Un peu plus de questions et l’approfondissement de certains sujets aurait été parfait.
Tout le monde connait la formule consacrée…. »les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».