Je suis Charlie

Je suis insidieuse.
Je suis coriace, je prends de l’ampleur.
Incompréhensiblement, je suis universelle, et chaque bord m’arbore de plus en plus fort.
Je suis le moteur de barbaries chroniques, des Amériques jusqu’en Afrique.
La peur et l’ignorance sont mes fidèles compagnes,
Elles me suivent de partout, toujours elles m’accompagnent.
A l’origine de profondes peines,

Je me présente : je suis la Haine.

Dans la matinée de ce mercredi 7 janvier 2015, la rédaction de l’hebdomadaire Charlie Hebdo a subi un attentat perpétré par deux -ou trois- hommes, à l’arme automatique. Douze personnes ont été tuées, dont huit journalistes et deux policiers.

Dans leur fuite, on entend les assaillants conclure : « On a tué Charlie Hebdo ».

Par cette déclaration, ce n’est pas seulement la mort d’un journal qui est proclamée, c’est aussi la présomptueuse affirmation de la fin de la liberté d’expression. Comme si cette haine pouvait prendre le dessus et imposer ses diktats ; comme si la force positive, déployée quotidiennement pour promouvoir la paix et la liberté de penser, n’était que poussière.

Mais la Haine ne se subit pas : Elle se combat.

C’est ce que nous avons silencieusement affirmé ce soir, dans plus de cent villes européennes. Non, la haine ne passera pas. A Paris, à Berlin, à Genève ou à Madrid, des millions de personnes se sont rassemblées en soutien à Charlie Hebdo, aux familles et amis des victimes, et également à tous les journalistes qui œuvrent pour la liberté de la presse.

L’ampleur de ces rassemblements témoigne d’une réaction puissante et unanime face à la barbarie.

A Grenoble, la place Felix Poulat était comble. Cette mobilisation, ici, à Grenoble et partout en France nous encourage à ne pas sombrer dans un total défaitisme idéologique. Une chose me préoccupe cependant : le risque que l’islam ne devienne effectivement le casus belli européen : ne nous trompons pas de cible, rejetons les raccourcis et gardons-nous de tout amalgame.

Rien n’est jamais acquis, la leçon de l’histoire n’est que trop rarement retenue, c’est pourquoi nous devons continuellement lutter pour l’éducation et l’ouverture des esprits. Tout doit être fait en ce sens, là est notre priorité.

Je suis Charlie, nous sommes Charlie.

Charlotte Ballet-Baz

Auteur : Charlotte Ballet-Baz

Etudiante en troisième année à Sciences Po Grenoble, section politique.

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