« Sérieusement il va falloir arrêter vos lubies de BDE qui font des surenchères de chic et de hype au bout d’un moment. Que ce soit Superman Lovers, David Guetta ou n’importe qui, on est beaucoup à en avoir rien à foutre. D’ailleurs qui a vraiment le moindre souvenir des groupes des années précédentes? Nous tout ce qu’on veut c’est passer une bonne soirée, bien habillés, entre copains pour marquer le coup de la fin de l’année. Vous savez pas ce que représente 40 ou 50 € dans le budget d’un étudiant? C’est ultra irrespectueux pour ceux qui n’ont pas les moyens et qui donc qui n’auront pas le droit de s’amuser cette année au Gala. ».
Ce commentaire d’un étudiant de l’IEP sur l’événement Facebook du Gala de fin d’année, prévu pour le 13 avril, a reçu pas moins de 132 « likes ». Preuve que personne ne comprend la subite inflation du prix du Gala, dont l’entrée s’élève à 50 euros. Des rumeurs qui vont bon train dans les couloirs, des coups de gueule, et voilà un fossé qui se creuse entre les étudiants et les membres de leur BDE, accusés d’avoir tapé dans le snobisme en organisant le Gala dans une salle immense, la patinoire, en lieu et place de la traditionnelle soirée à la Bastille, avec en guise d’animation musicale un DJ avec une page Wikipedia longue comme le bras (gage de sa renommée ?), Etienne de Crécy, et un buffet . Et d’incompréhension en protestations, le Gala se révèle un véritable fiasco.
Mais quelle est la part de responsabilité du BDE dans cet échec ? A écouter leurs membres, visiblement fatigués des bruits qui courent et des critiques dont ils sont victimes, « on a eu le choix sans avoir le choix », pour reprendre une formule de Clémence, vice-présidente du BDE. Car une fois de plus, ce n’est pas le BDE, mais l’administration qui est en cause. « La direction nous a interdit de refaire le Gala à la Bastille, car l’année dernière, il y a eu trop de merdes, de débordements» confie Léo, vice-président du BDE. En effet, certains membres de la direction, présents lors du Gala 2012, se sont offusqués de voir des élèves ivres salir la salle (vomi, urine…) ou s’adonner à des pratiques manquant de pudeur sous l’emprise de l’alcool.
Aussi l’administration pose-t-elle dès décembre ses contraintes au versement des subventions pour la soirée de fin d’année: entre autres, pas de Bastille et une limitation des consommations d’alcool (« il a fallu se battre pour les trois consos, l’administration ne voulait que deux par personne » se souvient Neil). L’objectif avoué ? Que le Gala soit classe, qu’il devienne une bonne vitrine pour un établissement dont la réputation n’est pas toujours excellente, notamment après l’affaire du WEI du début d’année qui a fait le tour des médias locaux. « Une sorte de gala d’école de commerce … mais sans les moyens des écoles de commerce » ironise Léo.
Car, évidemment, tout cela a un coût, et c’est bien là le problème. Les 3 000 euros accordés par l’administration une fois ces conditions remplies sont loin d’être suffisants pour une soirée de fin d’année qui coûte au BDE la somme mirobolante de … 52 000 euros! « Et il faut bien que les gens comprennent que ce n’est pas l’artiste qui nous coûte le plus cher, loin de là » soupire Clémence. « C’est la salle le problème. Comme la Bastille, c’était pas possible, il nous a fallu chercher ailleurs», ajoute-t-elle. Et l’offre en termes de salle sur Grenoble restant très limitée, après avoir examiné toutes les possibilités (dont le Stade des Alpes et Alpexpo), l’équipe de la Raspouteam a opté pour la Patinoire « car c’était le moins cher », aussi surprenant que cela puisse paraître. « Le souci, c’est qu’il n’y a rien, c’est un hangar avec ni son, ni sono, ni lumières », toutes ces infrastructures devant être prises en charge financièrement par le BDE. S’ajoutent à cela des comptes du Bureau des Elèves en berne, entre un WEI annulé qui a fait mal, un vol de mille euros dans la caisse au cœur même du local et une quête effrénée de sponsors qui est restée vaine, aucune entreprise n’acceptant de lier son nom à celui de Sciences Po… Le compte est bon (ou pas) pour notre BDE qui, à l’image de Géronte dans Les Fourberies de Scapin, se demande « que diable allait-il faire dans cette galère ? »
D’où un coût d’entrée exorbitant pour certains, ce que comprend le BDE. «Beaucoup de gens se plaignent, mais on mise sur le symbole. Et il faut que les gens sachent qu’en faisant des contre-soirées, ils plombent le Gala et le BDE ». Résultat ? Un BDE à bout, et qui se dit las d’être critiqué de toutes parts, aussi bien par des étudiants dans l’incompréhension que par une administration qui les tient avec les subventions. « C’est la catastrophe » conclut la vice-présidente du BDE, Clémence, la mine déconfite. «On a vendu une soixantaine de places. Il nous en faudrait 800 pour que l’événement soit rentable. Si à la fin de la semaine, il n’y a pas eu 500 préventes, c’est sûr, le Gala sera annulé» se désole son collègue Léo. Une décision lourde et inédite qui sera prise par la Raspouteam peu après le CRIT, en début de semaine prochaine.
Mathilde Ceilles
Voilà un article édifiant et une preuve de sérieux journalistique hors norme! Enfin, c’est vrai que recouper ses sources, mentionner le prix de l’artiste, chercher l’avis de l’administration chargée à outrance, et mettre devant leurs contradictions les personnes interrogées, c’est accessoire, voire inutile! Le léchage de cul c’est mieux!
De quel léchage de cul parles-tu?
Quant à l’administration, nous avons prévu de l’interviewer pour la prochaine version papier du journal.